Selon Kramer, il est nécessaire que les supporters du dialogue et des négociations avec l'Iran, le Hamas et le Hezbollah le prennent en compte. L'islam radical est une réalité qu'il ne faut pas balayer d'un geste de la main. Les partisans du dialogue estiment que l'Iran, le Hamas et le Hezbollah sont conduits par des aspirations de réparations contre des humiliations ou des injustices et qu'une fois réparations faites, ils se rangeront.
Kramer tire ici la sonnette d'alarme. Le schéma de pensée des Islamistes se définit ainsi, selon lui :
les ennemis de l'islam - l'Amérique, l'Europe, les Chrétiens, les Juifs, Israël - possèdent beaucoup plus de pouvoir que les Musulmans croyants en ont. Mais, si les Musulmans retrouvent leur foi, nous pouvons nous réapproprier le vaste pouvoir que nous exercions dans le passé, quand l'islam dominait le monde comme l'Occident le domine aujourd'hui. Les Islamistes croient qu'au travers de la foi - caractérisé par un sacrifice de soi et par le martyr - ils peuvent renverser l'histoire.
Ce qui conduit au deuxième risque évoqué par Martin Kramer : une concession ne sera pas perçue comme un engagement pour une résolution, mais comme un signe de faiblesse et que les tactiques utilisées jusqu'à présent fonctionnent et qu'il n'y a aucune raison d'en changer. Il ne se positionne contre l'engagement, mais il estime essentiel de se poser la question des conséquences de ces dialogues. "Au Moyen Orient, l'idée qu'il n'y a 'aucun mal à parler' est complètement incompréhensible", écrit-il. "Il importe à qui l'on parle, parce que vous légitimez vos interlocuteurs. Cela explique le refus arabe de normaliser les relations avec Israël."
Martin Kramer ne pense que la promotion incessante de la paix et de la démocratie soient les meilleurs véhicules d'une résolution des conflits et que cela passe par une volonté d'alterner "soft power", "hard power" et "will power". Trois concepts que l'on ne peut guère traduire, mais qui sont empreints de réalisme plutôt que d'idéalisme.